« Journal de bord d’un marin » finaliste du prix littéraire le Prix du Commandant Jean Loreau

Le résumé

« Aucun sentiment n’équivaut celui de débarquer après un long séjour en mer. Le premier pas sur terre, la première marche sont d’un plaisir totalement inconnu des terriens mais, ô combien précieux pour les marins ! Les premiers instants à terre dépassent tous les plaisirs. Je délire, toutes mes sensations sont excitées, au maximum de leur activité. J’apprends la signification du mot extase. Ce sont des moments que je dirai : excès de vie, je sens un plaisir inexplicable, chaque millimètre de mon corps vit à l’extrême, je sens le vent fouetter mes cheveux, je sens la résistance de la terre sous mes pieds. Je regarde autour de moi, rien n’est évident. Chaque visage, chaque arbre mérite une pause. J’ai comme l’impression que toutes mes sensations étaient en jachère en mer et aussitôt que j’ai mis mes pieds à terre, elles se sont subitement éveillées, encore plus fortes et plus aiguisées. »

L’auteur

Mohammed El Amine Benrachid est biologiste de formation, spécialisé dans la biologie marine. Il a travaillé dans le cadre des accords de pêche entre le Maroc et l’Union Européenne, et entre le Maroc et les républiques de l’ex-URSS. Il a effectué plus de soixante missions à bord de bateaux de pêche étrangers, qui ont opéré dans les eaux marocaines. L’auteur a à son actif de plus de mille cinq cents jours en mer, en plus d’expéditions scientifiques dans le but de préserver des ressources halieutiques.

Mon trésor s’est agrandi de trois nouveaux livres !

Il y en a qui les lisent et ensuite les donnent. Y en a qui les lisent et finie leur mission les vendent. Y en a qui les lisent et les gardent dans leur bibliothèque. Moi, je fais tout cela à la fois et je les achète neufs et/ou d’occasion (en papier et très peu en numérique). Ben oui, il y a des fois des ruptures de stocks et on ne peut les trouver que grâce à des bouquinistes physiques ou virtuels qui font le nécessaire pour aller les chercher, surtout quand leur outil d’alerte enregistre que quelqu’un est intéressé.

Là, ma bibliothèque s’est enrichie de trois nouveaux dont deux écrits par la seconde dame, la franco-marocaine Zakia Daoud, dont j’aime tout ce qu’elle écrit comme j’ai aimé Fatima Mernissi et tout ce qu’elle avait écrit. Déjà feuilletés ces deux nouveaux-anciens de cette dame et quel plaisir m’attend de découvrir des analyses et des informations historiques anciennes et récentes !

Le troisième, je l’attends depuis plus de deux ans, il va m’apprendre ou plutôt enrichir mes connaissances sur ce que la culture doit aux Arabes d’Espagne, sujet qui m’intéresse depuis que j’ai commencé à m’intéresser au patrimoine culturel que mon père avait essayé de me transmettre, à sa façon, avant sa mort.

Deux BONNES NOUVELLES : un don d’environ 100 livres et la découverte d’éditions en arabe du roman « La civilisation ma mère » de Driss Chraïbi

J’ai lancé il y a quelques années déjà un blog très modeste concernant ma passion pour la lecture en général et celle des livres des écrivains marocains en particulier. Malheureusement, par manque de temps je ne l’alimente que rarement et je m’en excuse auprès des visiteurs et des écrivains, amis proches ou non, qui sont présentés sur le site.

Par les statistiques de fréquentation, je peux dire qu’il représente tout de même un peu d’intérêt mais pas encore le succès que je peux lui espérer. Pour moi, ce succès ne doit pas se limiter au nombre de visites mais surtout aux interactions et aux actions en faveur de la lecture qu’il peut engendrer. En effet, je fais appel entre autres sur ce site aux dons de livres afin d’aider les belles initiatives en faveur de la lecture au Maroc.

La semaine dernière pour la première fois quelqu’un du Maroc même m’a contacté pour me proposer un don d’environ une centaine de livres. Que puis-je demander de mieux pour une première fois ? Je lui ai répondu immédiatement que j’étais preneur et je l’ai mis tout de suite en contact avec une amie travaillant dans le secteur et grande militante de l’incitation à la lecture et de la promotion du livre. Elle vient de m’annoncer qu’elle a contacté le cher monsieur et qu’elle est en train de récupérer les livres en question pour les donner à son tour à la bibliothèque d’une des écoles qu’elle soutient.

La seconde bonne nouvelle concerne le livre que j’aime le plus chez Driss Chraïbi. Vous vous rappelez peut-être, j’ai mis l’accent récemment sur le fait que le roman « La civilisation ma mère » vu sa qualité littéraire et l’importance de son histoire, il est choisi depuis des années dans les programmes des collèges en France. Et j’ai émis mon étonnement que ce livre soit absent des programmes des collèges ou lycées au Maroc, pays dans lequel l’histoire se passe et pays de l’auteur.

Mes recherches sur le Net de la version arabe s’étaient soldées par des échecs. Aujourd’hui, je peux dire que j’avais tort de chercher avec des mots en français et qu’il fallait taper le titre traduit en arabe et en caractères arabes.

Ceci me sera utile pour mes futures recherches, dans le cas présent, c’est grâce à l’épouse de feu Driss Chraïbi que j’ai eu l’information sur l’existence d’éditions en langue arabe. Pas une seule mais pas moins de quatre, sauf qu’aucune ne s’est faite au Maroc ! Une s’est réalisée au Koweït et d’un traducteur marocain. Les trois autres, je pense en Algérie, Tunisie et un autre pays et apparemment par d’autres traducteurs.

J’ai appris aussi par Madame Shenna Chraïbi qu’un des obstacles majeurs pour le faire éditer en français au Maroc est la question de céder les droits par les éditeurs français ayant publié les premiers ce roman. Par contre, il y a un espoir qu’une version bilingue français arabe verrait le jour car une cession des droits dans le contexte spécifique d’une édition bilingue leur serait peut-être possible.

Elle tentera cette approche dès la rentrée. Pour ma part, j’ai posé la question aux éditions Le Fennec que j’aime et j’admire et j’attends leur réponse.

Quant à inciter les responsables du système d’enseignement au Maroc de programmer ce roman dans les collèges ou lycées, en français, en arabe (et pourquoi pas en Berbère si un traducteur et un éditeur s’y intéressent) est une chose à faire par la suite.

Le roman de Chraïbi le mérite bien et les jeunes marocains y apprendront beaucoup de choses, en plus de la langue, une belle histoire de prise de conscience et de libération d’une femme vivant dans le Maroc des années 30, racontée avec humour par ses deux fils. Le roman et son auteur ont aussi une valeur historique dans la littérature moderne marocaine et maghrébine.

Pourquoi le roman « La civilisation, ma mère! » de Driss Chraïbi n’a pas été traduit vers l’arabe et édité au Maroc?

Sauf erreur de ma part, le livre « La civilisation, ma mère ! » (Ou la joie de vivre) de l’écrivain marocain Driss Chraïbi n’a jamais été traduit vers l’arabe. Alors que son histoire concerne un pays dont la langue principale est l’arabe et que si l’auteur l’avait écrit en français ce n’est certainement qu’à cause du contexte historique du Maroc sous protectorat français.

Il s’agit de l’histoire de la libération d’une femme. Cette femme, décrite comme menue, fragile, gardienne des traditions, etc., qui durant les années de guerre, et pas seulement, s’intéresse à la politique, adhère aux mouvements de libération des femmes et, globalement, de son peuple et du Tiers-Monde, a été aussi une de nos mères, de nos grands-mères ou de nos tantes, du côté maternel ou du côté paternel.

J’en ai rencontré même plusieurs comme elle dans ma famille et je pourrai écrire un roman me basant sur la vie de chacune d’elles, exposant d’autres trajectoires, d’autres anecdotes et d’autres tendresses.

Quand, je pense à ses femmes, je me dis combien de potentielles « Fatema Mernissi » le pays avait raté ? Fatema Mernissi est cette sociologue marocaine, éteinte en 2015, qui était connue par ses actions pour le développement de son pays et sa défense des droits des femmes y compris celui d’accéder à tous les savoirs, même celui de la religion, réservé traditionnellement aux seuls hommes.

Alors, comme je ne suis pas un écrivain (ou tout au moins pas encore), mon rêve dans l’immédiat est de voir ce livre se faire traduire vers l’arabe. S’il y a donc une seule raison de vouloir devenir traducteur littéraire moi-même, ça serait bien celle de réaliser ce rêve.

Je n’ai pas tout lu de Driss Chraïbi mais ce livre reste celui qui m’a marqué le plus chez lui, à cause de ce que je viens d’écrire plus haut. Et je constate que je ne suis pas le seul à avoir apprécié la lecture de ce livre et à lui donner autant d’intérêt. C’est en effet, l’une des œuvres de Driss Chraïbi les plus appréciées et qui fait même partie du programme scolaire des élèves de 3ème en France.

Je lance ici un appel pour, soit trouver un traducteur candidat à ce travail, soit de trouver une personne avec qui je pourrai collaborer pour le faire. Une version arabe ne laisserait aucune excuse aux responsables de l’enseignement au Maroc de ne pas introduire ce livre dans le programme scolaire des collèges.

Pour aller plus loin :

Écouter l’interview de Driss Chraibi à propos de son livre :

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i00017827/driss-chraibi-a-propos-de-la-civilisation-ma-mere

Regarder comment ce livre a servi au théâtre :

https://www.youtube.com/watch?v=ocVdS8N5um0&t=105s

« Les impatientes », un roman bouleversant de Djaïli Amadou Amal

Ce livre raconte, à travers trois histoires de femmes d’Afrique, les conditions intolérables que peut vivre encore la femme dans des sociétés patriarcales où règne l’ignorance au point de légitimer par les paroles de Dieu la domination, le viol et parfois même l’atteinte à la vie.

Mes mots ne peuvent exprimer réellement la douleur de ces femmes et la folie dans laquelle elles peuvent sombrer ni la colère et la peine que je ressens en sachant que de telles situations puissent avoir existé ou exister encore dans le Nord comme dans le Sud, à l’Est comme à l’Ouest et c’est pour cela que je laisse l’auteure exprimer cette douleur avec ses mots à travers ce passage émouvant:

« On dit que je suis folle et que j’ai changé. Cela fait combien de temps que je suis restée dans ma chambre, surveillée de près par ma tante ou par ma mère? Combien de séances de prière ont murmuré les marabouts au dessus de ma tête ? Combien de litres d’eau bénite ont-ils aspergée sur moi et m’ont-ils obligée ingurgiter ? Combien de litres de décoction aux racines de gadée m’ont-ils aussi fait boire ? Combien de kilos d’herbes ont-ils brûlés pour que j’en respire les fumées ?

J’ai l’impression d’étouffer, de chercher en vain de l’air et de ne pas pouvoir respirer. De ne voir autour de moi que des fantômes. De ne plus jamais pouvoir tenir sur mes jambes. De ne plus retenir aucune information. J’existe sans exister.

Et j’ai envie de crier sans pouvoir ouvrir ma bouche, de pleurer sans avoir de larmes, de dormir sans jamais me réveiller.

On dit que je suis malade et que je ne devrais pas bouger. On dit même que je deviens dangereuse. Ce djinn qui me possède doit être un mâle, car je ne supporte plus la vue de mon mari ni d’ailleurs celle, plus rare, de mon père ou de mes oncles. Ce djinn doit être amoureux de moi ! On dit qu’il serait probablement infiltré dans mon corps quand j’étais plus jeune. Sûrement, lors d’une visite chez mes grands-parents. Car il y a dans leur maison un grand baobab. Et l’on sait que les baobabs sont les demeures des djinns !

On confirme que je suis folle. On commence à m’attacher. Il paraît que je cherche à fuir. Ce n’est pas vrai. Je cherche juste à respirer. Pourquoi m’empêche-t-on de respirer ? de voir la lumière du soleil ? Pourquoi me prive-t-on d’air ? Je ne suis pas folle. Si je ne mange pas, c’est à cause de la boule que j’ai au fond de la gorge, de mon estomac si noué qu’aucune goutte d’eau ne peut plus y accéder. Je ne suis pas folle. Si j’entends des voix, ce n’est pas celle du djinn. C’est juste la voix de mon père. La voix de mon époux et celle de mon oncle. La voix de tous les hommes de ma familles. Munial, Munial ! Patience ! Ne les entendez-vous pas aussi ? Je ne suis pas folle ! Si je me déshabille, c’est pour mieux inspirer tout l’oxygène de la terre. C’est pour mieux humer le parfun des fleurs et mieux sentir le souffle d’air frais sur ma peau nue. Trop d’étoffes m’ont déjà étouffée de la tête aux pieds. Des pieds à la tête. Non, je ne suis pas folle. Pourquoi m’empêchez-vous de respirer ? Pourquoi m’empêchez-vous de vivre ? »

 

 

Quelques nouveautés 2020 et 2021

« Aussi riche que le roi » d’Abigail Assor (Premier roman)


« La théorie des aubergines » de Leïla Bahsaïn


« Enfance au Maroc, une précarité aux multiples visages » d’Hicham Houdaïfa


« J’attendais Anna » de Mustapha Kharmoudi


« Le miel et l’amertume » de Tahar Benjelloun


« Le parfun des fleurs la nuit » de Leyla Slimani


« Le pays des autres » de Leyla Slimani


« Poétique et politique du désir engagé – Autour d’Abdellah Taïa », Edition bilingue français-anglais de
Ralph Heyndels, Amine Zidouh

Henri Curiel et la paix au Proche-Orient

« Un homme à part », Gilles Perrault avait bien su trouver le bon titre à son livre pour désigner un homme et sa vie, Henri Curiel. Ce militant communiste, juif égyptien, né le 13 septembre 1914 au Caire et mort assassiné le 4 mai 1978 à Paris, avait aidé de toutes ses forces les luttes anticolonialistes et il avait milité d’une manière intelligente pour la paix au Proche-Orient, entre Israël, les Palestiniens et les pays arabes. Déjà quelque temps après son assassinat et après la lecture du livre de Perrault le concernant, je m’étais intéressé à ses positions sur la question palestinienne et j’avais écrit à l’association parisienne qui porte son nom pour commander un de ces écrits sur cette question, qui a justement pour titre: « Pour une paix juste au Proche-Orient« .

Par ce livre, j’avais appris beaucoup de choses sur l’histoire de la Palestine au début du XXe siècle et surtout autour des années quarante et cinquante. J’avais appris notamment comment la puissance coloniale britannique avait joué double jeu. Elle permettait au mouvement sioniste de se développer tout en ne votant pas pour le plan de partage, qui était devenu pourtant nécessaire et représentait la seule solution pratique trouvée par la communauté internationale et soutenue par l’URSS. Ce qui l’intéressait en premier lieu c’était de pouvoir garder sa domination sur cette partie de la région. J’avais appris comment les régimes arabes féodaux et bourgeois avaient participé, en le préméditant ou pas, à aider les sionistes à faire valoir leurs points de vue et affirmer leur domination politique au sein du jeune État d’Israël. Ils avaient réussi à créer un climat chauvin et raciste contre leurs populations de confession juive qui étaient obligées d’aller grandir et renforcer la population israélienne. Et autour de leurs campagnes guerrières ridicules, ils avaient plus réussi à emprisonner leurs opposants qui étaient pour la paix qu’à battre l’armée israélienne. Ils avaient aussi isolé le parti communiste israélien et tous les démocrates israéliens qui condamnaient le sionisme et ne voulait que vivre en paix dans un état juif indépendant à côté d’un état palestinien indépendant. Que pouvaient mieux rêver les sionistes et les puissances capitalistes occidentales qui les soutiennent ?

Un livre historique très riche, un témoignage très intéressant sur une époque cruciale !

« L’école-perdue » de Tahar Ben Jelloun fait partie de la liste de lecture proposée par l’ONU

Le roman de Tahar Ben Jelloun "L'école perdue" fait partie de la liste de lecture proposée par l'ONU.

Le roman de Tahar Ben Jelloun « L’école perdue », illustré par Laurent Corvaisier, et publié en 2007 dans la collection « Gallimard Éducation », fait partie de la liste de lecture proposée par l’ONU dans le cadre de l’agenda 2030 pour le développement durable.

« L’école perdue » raconte l’histoire d’un instituteur nommé dans un village d’un pays d’Afrique de l’Ouest. Il n’y a pas d’école, mais la mosquée sert de lieu pour les cours. Les enfants vont peu à peu déserter l’école. Devant cette hémorragie, l’instituteur veut savoir ce qui se passe. A la sortie du village, une usine de fabrication de chaussures et de ballons de football emploie ces enfants. Ce livre voudrait illustrer l’article 4 de la déclaration des droits de l’homme à propos de l’esclavage et du travail des enfants.

Les autres livres de la liste de lecture de l’ONU :

Malala : L’histoire de mon engagement pour le droit des filles, Malala Yousafzai
Korczak : Pour que vivent les enfants, Philippe Meirieu